Je ne comprends pas de quoi on m'accuse!?

Normand Brathwaite dans le rôle du capitaine Goulache
Photo: Bernard Brault, Encore Télévision Normand Brathwaite dans le rôle du capitaine Goulache

Après avoir été Vivaldo, son premier rôle jeunesse, dans la série radio-canadienne L’ingénieux Don Quichotte il y a plus de quatre décennies, Normand Brathwaite est aujourd’hui le capitaine Goulache dans Drazilion, la nouvelle émission quotidienne pour enfants de Télé-Québec. Prisonnier d’un mauvais sort dans un univers fantastique, le personnage qu’il incarne doit ainsi compter sur les enfants Oli, Emma, Fabio et Rachel pour le délivrer. Sauf que voilà… Le capitaine Goulache est un fantôme qui erre dans son ancienne propriété désormais connue comme Musée du squelette.

« Je voulais un capitaine Goulache un petit peu à la Pee-wee Herman », explique Normand Brathwaite, joint par téléphone. Et puisqu’il interprète un fantôme et que l’animateur et comédien avoue n’en avoir jamais vu, celui-ci a choisi de donner libre cours à son imagination, de tout faire pourvu que le résultat à l’écran ne soit pas linéaire. « Pee-wee Herman était très drôle, mais il avait toujours un petit côté bizarre. Tu te demandais par quelle porte il allait rentrer même si tu ne te sentais pas menacé », ajoute-t-il. C’est donc dans cet esprit que Normand Brathwaite s’est amusé à faire apparaître et disparaître son capitaine Goulache au gré d’un texte « très, très, très poétique ».

« Quand on m’a demandé de faire Drazilion, j’ai trouvé intéressant que mon fantôme ne soit vu que par les enfants. » Prêt à relever le défi, Normand Brathwaite ne s’est pas laissé impressionner par la rumeur qui court et qui voudrait que tourner avec de très jeunes soit compliqué. « Tu t’attaches aux petits kids. Ils savent leur texte », souligne-t-il. Et de poursuivre, la voix pleine de malice : « Si on leur demande en entrevue comment c’est de jouer avec Normand Brathwaite, ils te diront “c’est drôle parce que quand il se trompe dans son texte, il sacre”. Et eux autres, ils n’ont pas le droit de sacrer ! »

Je ne comprends pas de quoi on m'accuse!?

Après un été passé sur le tournage de la première saison de Drazilion avec les acteurs de la relève, Normand Brathwaite évoque une grande bienveillance au sein de l’équipe. « Ce sont des plateaux doux, évidemment, car ce sont des enfants », fait-il remarquer. Il se rappelle par ailleurs le trio de réalisation, formé par Simon Barrette, Laurent Beauchemin et Karine Ouellette, et de leur don pour diriger la petite troupe. « J’ai beaucoup appris en les regardant. Des fois, tu n’as pas le temps de mettre des fleurs dans tes phrases, mais tu ne parles pas à un enfant comme tu parles à un comédien plus expérimenté. »

Tant qu’à convoquer les souvenirs, qu’en est-il de ceux qui remontent aux années 1980 et à la période Pop Citrouille et Court-circuit pour Normand Brathwaite ? « Tout le monde était là : Denis Bouchard, Robert Lepage, etc. La chanson Larmes de métal est sortie de là. On avait beaucoup, beaucoup de plaisir à faire ça ! » Mais ne lui parlez pas de nostalgie. Le passé appartient au passé, après tout… ou plutôt, jusqu’à ce que l’artiste drag Barbada s’en mêle et lui demande, à sa plus grande surprise, de faire revivre le hit en début d’année dans son émission musicale destinée aux 6-8 ans sur ICI TOU.TV.

« Ce qui était spécial avec Barbada,c’est que j’arrivais d’une entrevue très straight, ben sérieuse, sans savoir ce qui m’attendait », confie-t-il. Deux temps, trois mouvements, il n’en fallait pas plus pour que Normand Brathwaite « pogne de quoi » et propose un moment télévisuel immédiatement passé à la postérité. Selon lui, Barbada — et pourquoi pas Drazilion ? — ramène au goût du jour cette « folie dans les émissions pour enfants qu’on avait perdue ».

Loin de s’improviser spécialiste des émissions pour enfants, Normand Brathwaite regrette qu’on soit, à un moment donné, passés de programmes « qui étaient sur le bord d’être surréalistes, très commedia dell’arte » à des contenus jeunesse un peu trop didactiques. Tranquillement, toutefois, la flamme de l’extravagance semble se rallumer. « On voit les personnages revenir avec des costumes, on commence à avoir un minimum d’effets spéciaux qui sont vraiment potables, etc. J’aime ce côté magique, c’est le fun ! »

« Si tu regardes un enfant assis sur une clôture qui observe les nuages, la dernière chose à faire c’est de le déranger. Les enfants ont un monde particulier », soupire-t-il enfin d’un ton rêveur. Quant à une suite potentielle de Drazilion ? « J’aimerais ça ! » songe le comédien. « J’ai bien hâte de savoir si ça revient, parce que là je vais garder mon été [2024] pour faire ça », promet-il. Juré, craché ?

Drazilion

Télé-Québec, du lundi au jeudi, 17 h 30, dès le 18 septembre

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